Parfois, le héros s’impose de lui-même. On en a la vision, l’apparition soudaine. Des fois, au contraire, c’est plus compliqué.
Comment alors choisir son Héros avec un Grand H ? Comment être sûr que son personnage sera à la hauteur de nos espérances ? Que vous ayez déjà en tête tout ou une partie de la personnalité de votre héros ou que vous n’ayez encore aucune idée de ce à quoi doit ressembler un héros, il faut garder en tête que tout le roman repose sur le héros. Il ne faut donc pas se tromper dans ses choix.
Qu’est-ce que le héros ?
Le héros, c’est le personnage ou l’objet. C’est ce qui porte votre roman. Ce n’est pas forcément un être vivant, tout dépend du genre de roman que vous écrivez, mais sans lui il n’y aurait aucune histoire. Dans ma saga, par exemple, sans Katerina, il n’y aurait aucune histoire. Il s’agit du le personnage principal, du centre de l’attention. C’est un égoïste autour de qui tout se trame.
Le héros doit être construit, pensé et surtout équilibré. Il a des qualités, des défauts, des défauts encore et des faiblesses. C’est tout ce qui fait le charme d’un héros, qu’il soit humain et cohérent avec le monde dans lequel il vit. Le héros n’a pas et ne doit pas être parfait, mais il est nécessaire qu’il soit parfaitement pensé. Tout est une question d’équilibre. C‘est à lui que doit s’attacher vos lecteurs.
Le héros doit apparaître dans les premières pages de votre roman. Apparaître ne signifie pas nécessairement qu’il soit présent. Je pense à En attendant Godot de Samuel Beckett. Dans cette pièce de théâtre, personne ne verra jamais Godot, mais tout le monde l’attendra. Godot est donc le héros de la pièce, et même s’il n’apparaît jamais il en reste le centre de l’attention. Sans aller jusque-là, il est possible de ne pas faire arriver votre héros, mais il faut en parler, que l’on sache que c’est lui qu’on attend pour que l’histoire commence.
Pour trouver votre héros, il faut poser les bases de sa réflexion.
Il faut choisir un héros avec lequel on a des affinités, avec lequel on se sent à l’aise. Quitte à faire un bout de chemin avec quelqu’un autant que l’on s’entend à peu près. Il serait fâcheux de se disputer avec son propre héros.
Choisir donc un héros dont l’âge, le milieu social, les pensées, les réflexions personnelles sont en adéquations avec ce que l’on se sent capable de travailler et ce que l’on connaît. Même s’il est toujours possible d’effectuer des recherches, il y a quand même peu de chance que vous soyez capable d’écrire et de décrire un héros issu d’un milieu social qui vous échappe et d’une tranche d’âge qui vous est inconnue. De plus, ne le transformé pas un admirateur de Socrate si vous ignorez tout de la philosophie de Socrate, à moins que vous ne soyez prêt à faire de longues recherches pour être crédible. Ou, il faut être certain que l’on désire passer des heures le nez dans des livres de Socrate.
Le héros, vous devez TOUT ou PRESQUE connaître de lui. Cependant, gardez en mémoire que le lecteur lui n’a pas besoin de tout savoir. Au contraire, plus il y aura d’inconnues plus le héros sera captivant. Tout ne doit pas être dit du héros dès le chapitre 1, sans quoi votre histoire perdrait de son intérêt. De plus, ne vous sentez pas obligé de tout dire de votre héros avant la dernière page. Si tout n’est pas dit du héros à la fin du roman, c’est que vous avez bien travaillé. Si comme moi, vous écrivez une saga qui s’étale sur plusieurs dizaines d’années, vous en dirait plus qu’en un seul tome, retraçant le même nombre d’années.
Toujours est-il que le héros doit être impérativement doté de défauts. Au diable les super-héros des dessins animés, parfaits sous tout rapports, bourrés de qualités et dénués de défauts. Un héros doit avoir autant, si ce n’est plus, de défauts que de qualités. Par défauts, j’entends aussi faiblesses. Les qualités sont aussi des forces. Être capable d’allumer un feu en pleine nature n’est pas une qualité, mais plutôt une force. Avoir peur des araignées, n’est pas un défaut, mais une faiblesse. Votre héros doit donc avoir des défauts, des qualités, des forces et des faiblesses.
Vous êtes imparfait, votre héros doit l’être aussi.
La meilleure façon de commencer à penser votre héros, reste de prendre une feuille et de dresser rapidement une petite liste. L’exercice que je pratique régulièrement est le suivant :
–Sur une feuille, que je découpe en quatre, j‘écris dans la première case en haut à gauche : QUALITÉS, sur la case de droite DÉFAUTS. Sous les qualités, j‘inscris FORCES et dans la dernière case FAIBLESSES.
–Je note ensuite toutes les idées qui me viennent à l’esprit en une dizaine de minutes.
–Ensuite, j‘analyse. Je regarde quelle partie est la plus conséquente. Si j‘ai le plus de qualités, je le moins de faiblesses, je tente d’équilibrer.
Il suffit de penser aux gens qui nous entourent pour trouver des idées. C’est souvent amusant de construire ses personnages avec des traits de personnalités des personnes que l’on connaît. Pourquoi ? Si vous connaissez la personne, vous connaissez son tempérament face à certaines situations. Vous pourrez donc plus facilement les décrire.
Le physique
Après avoir dressé un portrait moral et psychologique, il faut s’attaquer au physique. Pour ma part, je conçois rapidement le physique de mes personnages principaux. Je n’ai besoin de rien. Simplement, une feuille pour noter mes idées.
Pour d’autre, ce travail est bien plus complexe. Le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est d’utiliser Internet. Créer vous des castings de personnages. Chercher des images, qui vous inspirent. Vous trouverez des dizaines de photographies dans lesquelles vous pourrez puiser. Mélanger les genres et les styles. Le nez d’une star, avec les fesses d’une mannequin à la mode, la bouche de votre voisine de palier, le front de votre prof de piano… À vous de voir ce qu’il y a de mieux pour construire un personnage intéressant.
Allez plus loin que les simples descriptions « beau« , « belle« , « brune« , »petit », « grande »… Essayez de décrire plus précisément. Si votre personnage est brun approfondissez votre descriptions en regardant des nuanciers de teintures. Si elle est grande précisez la taille. Quant à la beauté, n’oubliez pas que si l’idéal reste la symétrie, nous ne sommes le pas pour autant. Nous avons toujours un côté « plus fort » que l’autre. Pour ma part, j’ai une paupière qui tombe légèrement par rapport à l’autre, mais cela n’empêche pas les gens de me trouver des yeux magnifiques. Comme quoi même l’imperfection est charmante.
N’oubliez pas d’ajouter à votre personnage quelques signes distinctifs. Qui n’a pas sur le corps une vieille cicatrice de bac à sable, ou quelques points de suture au menton après une chute magistrale sur les marches d’un escalier ?
Faites vrai !
Le conflit !
Le héros est en conflit. Sans conflit, pas de roman. S’il n’y a pas de conflit en votre personnage, inutile d’aller plus loin. D’ailleurs, nous sommes tous toujours en conflit avec nous-même ( sans parler de ceux avec les autres.).
Qui ne sait jamais inquiéter de savoir s’il allait démissionner ou garder ce travail qu’il n’aime pas, mais qui paie les factures ? Qui n’a jamais été en conflit interne pour savoir s’il devait agir ou rester passif ? Pensez à votre propre vie, regardez-vous tel que vous êtes. Pensez à vos conflits. … Vous n’en trouvez pas, là maintenant ? C’est possible. Plus on pense à des choses plus elles nous échappent. Alors munissez-vous d’un carnet et d’un crayon et écrivez ces conflits internes chaque fois que vous êtes confronté. D’une part, cela vous aidera à vous débarrasser de sources de stress et ensuite vous serez plus amène de travailler vos personnages.
Demandez-vous, où en est votre personnage au début de l’histoire. Est-ce qu’il est heureux dans sa vie ? Est-ce que tout est si parfait que cela ? N’a-t-il jamais envie d’étriper sa femme lorsqu’elle invite ses amies à l’improviste ? N’a-t–elle jamais d’arracher les yeux de sa belle-mère ? La mère de famille parfaite ne cache-t–elle pas des signes de dépression ? Le patron parafait n’a-t-il pas quelques cadavres dans le placard ? Comment se sent votre personnage ? C’est le moment de passer en revue sa vie privée et ses pensées profondes. N’oubliez pas, comme le dit Docteur House « Tout le monde ment ». Dans notre cas, n’oubliez pas que votre personnage ment, à lui-même, à sa famille, à ses proches, aux étrangers, à vous-même.
Un conseil : Tout ne va jamais bien !
Creusez ! Fouillez ! Bêchez !
Comme dans le Laboureur et ses Enfants, de La Fontaine, allez en profondeur. Allez donc faire un tour dans le passé de votre personnage. Sortez les cadavres des placards. Inspectez les casseroles. Famille, amis, passé, présent, n’oubliez rien.
Sans passer dix ans, à construire un personnage, vous devez vous demander ce qui fait de lui la personne qu’il est au début du roman. Comme vous, votre personnage doit avoir une personnalité qui s’explique par son enfance ! (Tout se joue dans l’enfance ! Demandez à Freud.). C’est là que naissent nos peurs, nos doutes et nos relations futures. Au besoin, lisez quelques livres de psychologie. Une personnalité doit être riche et complexe, pourtant n’oubliez pas que nous reproduisons toujours nos premières expériences. Un peu de votre premier amour se retrouvera dans vos amours futurs. Ici, c’est pareil pour les personnages.
Des désirs sinon rien !
Le héros doit également avoir des désirs, des aspirations, des rêves. Il est humain, autant que possible. Que peut-il vouloir ? Désir ? Que veut-il ? Comment voit-il sa vie dans dix ans ? Dans cinquante ans ? Veut-il être marié ? Avoir des enfants ? Demandez-vous ce qu’il ressentirait s’il n’avait pas d’enfant, s’il n’obtenait pas le travail de ses rêves, s’il ne voyageait pas en Angola alors que c’est son rêve. Quelles seraient les conséquences si ses désirs n’étaient pas réalisés ? Mais demandez-vous également ce qu’il en gagnerait ? Votre héros rêve d’une maison avant l’âge de 30 ans ? Soit qu’est-ce qu’il y gagnerait ? Comment serait-il plus équilibré ainsi ?
Trouvez-lui un but dans la vie !
Un personnage lisse n’intéressera pas le lecteur. Ce que l’on aime dans un personnage ce n’est pas simplement sa perfection, c’est son relief. Plus il sera en relief plus il aura la possibilité de toucher des lecteurs. Le lecteur est à la recherche d’un personnage qui lui fera passer un bon moment, mais également qui le fera réfléchir. Plus votre personnage aura de problèmes dans la vie, plus il devra être combatif pour « gagner » son happy end. N’allez pas non plus dans l’excès inverse et ne mettre que des défauts et des faiblesses à votre personnage. Soyez également cohérent avec ses attitudes.
Je pense notamment au personnage de Javert dans les misérables de Victor Hugo. Javert pour ceux qui ne connaissent pas, c’est l’inspecteur de police qui durant plus de dix ans traquera Jean Valjean. C’est également, un homme né d’une mère tireuse de cartes et d’un père galériens. On pourrait se dire qu’avec un tel passé, l’homme serait plus tôt du côté des bandits que des policiers. Pourtant, il se forge un caractère intransigeant et inflexible, par peur de ne jamais « entrer » dans la société dont il veut tant faire partie. Sauvé par Valjean, il se rend compte que son intransigeance est mise à mal par la bonté d’un ancien força qu’il croit à tort incapable de changer. Face à ses propres doutes sur l’humanité, Javert met fin à ses jours. Un tel personnage ne pouvait faire autrement sans perdre toute sa crédibilité. C’est ce que j’admire dans ce personnage : Il est droit jusqu’à la fin. Il suit sa ligne de conduite, il ne renonce pas à sa personnalité pour un HAPPY END.
Si votre héros se retrouve confronter à un choix difficile, il ne doit pas faillir. S’il a depuis le début de l’histoire montré une forme de tempérament, il ne doit pas en changer à la fin simplement pour vous éviter de le tuer ou car vous voulez vraiment que votre bourru et misogyne macho termine avec la belle blonde, parce que vous ça vous fait rêver. Cela ne signifie pas pour autant que votre personnage ne doit pas évoluer, au contraire. Mais évoluer n’est pas changé. Nous ne changeons pas radicalement de personnalité, votre personnage non plus.