Donner une conférence : mes conseils pour la rédaction d’une présentation orale

Après avoir évoqué les raisons de donner des conférences, vous avoir parlé du prospecte, et de comment gérer le rendez-vous, je voudrais vous parler de ce moment capital qui est celui où vous allez préparer votre conférence pour le jour J.

Une conférence qu’est-ce que c’est ?

C’est quelque chose qui peut faire peur. Pour beaucoup l’idée de donner une conférence est effrayante, parce qu’il faut préparer son travail et parler en public. En vrai, le plus difficile n’est pas de parler en public mais de savoir quoi dire et comment intéresser le public.

Dans une conférence, on aborde un sujet et on l’explique. On a un thème, ou une thématique, et on parle pour expliquer au public les choses afin qu’il les comprenne et qu’il en retire quelque chose. On admet généralement que lors de conférences, il y a débat/confrontation. Ici confrontation n’est pas à prendre au sens physique du terme, seulement attendez-vous à ce que l’on vous pose des questions. Puisqu’une communication doit avoir un but dites-vous que le but de cette conférence sera de vous trouver de nouveaux lecteurs ou de faire adhérer davantage vos lecteurs.

Que raconter à son public ?

Tout d’abord, voyez ce qui a été décidé lors de votre rencontre avec le directeur du lieu ou l’équipe qui s’occupe de vos recevoir. Si on vous a demandé une conférence sur l’écriture de SF n’allez pas leur raconter comment vous avez écrit un recueil de poème. Si on vous a demandé d’expliquer les traditions mythologiques scandinaves vous n’allez pas expliquer le panthéon sumérien. Si on vous a demandé de parler de vous et de l’écriture et bien, parlez de vous et de votre parcours.

Ne croyez pas que parler de soi soit le sujet le plus aisé qui soit. Surtout pour un primo romancier. Sans vouloir vous faire peur : imaginez-vous devant 20 inconnus et 10 personnes que vous connaissez bien pour leur raconter votre vie. Vous pourriez être tenté d’enjoliver les choses (je n’ai pas dis mentir ! j’ai dis faire un joli emballage de votre vie pour la romancer un peu et vous montrez à votre avantage) et là dans la salle vous avez votre famille qui dit « non, non c’est pas comme ça que ça c’est passé ». Voyez l’angoisse ! Et puis, pensez à ce que vous voulez que les gens retiennent de vous. Ce n’est pas pour mettre la pression, juste que vous ayez en tête que parler de soi n’est pas le sujet le plus simple. Il faut d’ailleurs veiller à ne pas trop en dire sur soi, le but n’étant pas de faire sa biographie complète, mais d’intéresser le public. Certes on parle de soi, de son parcours, mais en même temps, on doit amener le public à nous comprendre mais en n’oubliant pas qu’il faut un peu de mise en scène: donc de choisir les bonnes anecdotes à raconter.

Si vous traitez le thème de l’écriture, rappelez-vous que ceux qui vont venir ne connaissent pas votre livre, qu’ils ne vous ont probablement jamais lu, qu’il faut donc leur expliquer votre roman dans les grandes lignes, et parler juste assez de votre histoire pour leur donner envie de lire votre livre (ou mieux de l’acheter). Il faut aussi penser à ceux qui ont lu votre livre et qui viennent pour en savoir plus. Donc il faut veiller à avoir un équilibre entre ce que vous pouvez raconter pour éveiller la curiosité des uns et garder la flamme des autres. C’est un équilibre parfois complexe mais il est important d’y veiller.

Comment préparer sa conférence ?

Tout d’abord, je voudrais revenir sur un conseil que l’on donne à la majorité des gens qui, pour moi, est une hérésie :

IL NE FAUT JAMAIS REDIGER SA PRESENTATION ORALE !

Ceci est un mensonge ! Je me rappelle que depuis le collège lorsque les profs nous donnez des astuces pour les présentations orales, ils nous disaient toujours de ne jamais rien préparer de manière rédiger, mais d’avoir des listes de points à aborder. En sommes, il fallait que notre présentation « papier » ressemble à une liste de courses. Soit disant que rédiger ses idées oblige l’orateur à « lire » son document et que du coup il ne regarde pas le public et qu’il s’y perd dans ses notes etc. En sommes, avoir un document rédiger ferez de l’orateur le plus mauvais orateur du monde.

J’ai eu la chance d’aller jusqu’au master et de présenter plusieurs fois mon mémoire puisque j’ai dû « redoubler » (quoi qu’à ce niveau ce n’est pas redoubler mais peaufiner ses recherches, la nuance est réellement importante croyez-moi.) ma première année de master, ou la seconde (à vrai dire je ne sais plus mais à ce niveau là cela n’a aucune importance puisque le but est d’avoir un mémoire de qualité, c’est autre chose que de valider des compétences) et là encore, on me disait la même chose. Toute ma vie, j’ai entendu cette histoire de « rédiger = mal parler », et c’est faux ! J’ai toujours rédigé mes présentation orales : TOUJOURS ! et je suis une excellente oratrice. Je ne lis pas mes notes, je regarde mon public, je connais mon texte du coup il coule de lui-même, j’arrive à improviser en suivant les réactions de mon public et je ne suis JAMAIS déstabilisée, même dans les questions « pièges » je n’ai pas besoin de revenir à ce que j’ai dis. Oh et je ne suis pas stressée (enfin si un peu, avant la présentation mais ça s’appelle le bon stress, celui qui pousse à se dépasser et pourtant je suis la personne la plus timide et introvertie du monde).

Donc mon conseil : rédigez toute votre présentation, mais ne vous contentez pas de l’écrire, récitez-là. C’est cela qui fait de moi une personne à l’aise à l’orale. Quand je parle de réciter sa présentation, ce n’est pas trois ou quatre fois, mais dix ou vingt fois. Pourquoi ? Tout simplement parce que plus vous allez parler, et faire votre présentation à haute voix, plus vous allez la connaître, vous rendre compte des endroits où vous avez du mal, ceux qui sonnent creux, voir les endroits où vous allez pouvoir ajouter un peu d’humour, contre les enchaînements un peu flous ou faibles. Bref, vous allez vous rendre compte que même en ne changeant aucun mot de ce que vous avez écrit, il y aura une variation, des passages que vous allez pouvoir zapper ou ajouter en fonction du public. Parce que oui, le but de la récitation, c’est d’imaginer des publics différents en face de vous. Plus on répète, plus on est à l’aise, mieux on connait son texte et ses mots. Car lorsque l’on présente, on doit employer un vocabulaire particulier, celui de l’oral mais nous n’avons pas tous le même langage. J’emploi peut-être des mots ou des expressions que d’autres n’emploient pas, et des termes qui me paraissent naturels ne le sont peut-être pas pour tous. C’est aussi pour cela que vous devez rédiger votre présentation.

Je ne l’ai pas dis mais bien sûr cette rédaction doit être faite dans un style de parole, vous n’écrivez pas un roman, mais une présentation orale. N’employez pas des mots qui ne vous sont pas connus ou d’un niveau de langue qui n’est pas le votre ! C’est capital. N’essayez pas de faire joli, savant ou familier si ce n’est pas vous. Cela se sent et se ressent, c’est désagréable. Restez vous-même avec vos connaissances. Cela ne veut pas dire que vous ne serez pas amené à utiliser des faits historiques ou des mots compliqués mais si c’est le cas, expliquez les choses. J’ai été amené à parler du peuple Magyar, j’ai donc expliqué au public de quoi il s’agissait et les dates (très rapidement bien entendu juste pour situer). Donc on peut utiliser des mots savants si le contexte l’impose mais il faut que ce soit justifié.

Lorsque je rédige ma présentation j’aime bien l’écrire comme je la dirais, avec les « donc », les « ainsi », et même si je ne l’emploi guère « en fait ». Pourquoi c’est important de faire ça : parce que je me suis rendue compte que je dis facilement « donc ». Certains sont plus sujet aux « en fait » (l’expression la plus agaçante du monde quand elle ponctue tout un discours). Ces petites expressions parasites vous pouvez les employer parfois, mais faites attention à ne pas utiliser à chaque phrases. Je déteste le « en fait », réellement quand même utilise cette expression je n’entends plus rien et ne comprends rien à ce qu’il dit car je suis dans l’attente du « en fait » suivant. On en trouve pleins dans les reportages télé. Cette expression, comme le « donc » que j’affectionne, sont là pour montrer que l’on n’est pas sûr de ce que l’on dit, que l’on doute de nous-même.

Ces doutes sont la preuve pour le spectateur que vous ne savez pas de quoi vous parlez, que vous n’êtes pas légitime pour être devant eux et faire une présentation. Vous allez les ennuyer, les agacer et ce n’est pas ce que vous voulez. Surtout que pour le coup vous êtes là pour parler de votre roman, donc pas d’hésitation. C’est pour cela que rédiger votre présentation comme vous pensez la dire au public est une bonne chose et vous permettra de gommer ces expressions inutiles.

Sans mentir, sur le brouillon de ma présentation orale qui faisait 12 pages, WORD à dénombrer 132 occurrences du « donc », eh oui, moi aussi j’ai mes petites manies. C’est normal en vrai, parce que lors du brouillon on doute, on se demande si notre présentation est valable, si elle est légitime, si elle est intéressante (tout ça tout ça quoi), et c’est le moment de douter! Mais en lisant à haute voix, en la faisant lire à des gens (je ne répète jamais devant un public) et bien j’ai compris que j’avais des qualités, que ce que j’avais à présenter était intéressant et de qualité, les donc sont partis tout seuls. Gardez en tête ceci : on n’a pas le droit de douter après la troisième version.

Autre conseil que l’on peut donner : préparer devant un public

Une autre chose que je ne fais jamais et autre conseil inutile selon moi. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous allez présenter votre conférence à quelqu’un, il va aimer ou pas. S’il n’aime pas : vous serez démoralisé. Donc vous allez douter de vous et le jour J vous n’aurez pas une présentation valable. Mais admettons que votre présentation soit géniale, vous allez la faire à quelqu’un qui va venir le jour J et là, il va s’attendre à avoir la même présentation que vous lui aurez fait quelques jours plus tôt. Il va être dans l’attente des moments qu’il aura apprécié, mais si ça se trouve, le jour J votre public sera plus réceptif à ceci ou cela et vous allez changer deux ou trois trucs pour le satisfaire et là votre cobaye sera déçu et vous serez bon pour un « mais ça te sers à quoi de me faire perdre mon temps si tu ne présentes pas la même chose ».

Soyez amusant

Vous n’êtes pas un clown c’est vrai, les gens ne viennent pas voir un One (wo)man Show mais tout de même placer quelques traits d’humour et d’esprit est un bon moyen de faire adhérer le public. Soyez amusant mais dans la retenue, les gens doivent sourire pas se rouler sous les chaises. Bien entendu, on adapte notre humour en fonction du public et de notre présentation. Mais ne notez jamais dans votre texte de présentation vos traits d’humour, ménagez des zones d’humour mais ne les notez pas c’est le meilleur moyen de se planter. Surtout si le public n’est pas réceptif à l’humour, ou à votre humour. N’oubliez pas que vous ne devez pas rire de « vos blagues », juste en sourire pour conserver votre sérieux.

Voilà les quelques conseils que je pouvais vous donner sur la manière de rédiger votre présentation. Lundi, j’aborderai la question de la préparation et du planning.

En attendant et comme c’est samedi, je vais vous parler de ma dernière lecture : Soif, d’Amélie Nothomb.

Ce livre, j’en ai entendu beaucoup de mal, comme les derniers livres de l’autrice d’ailleurs. Je suis d’accord que les goûts et les couleurs sont des choses dont on ne pas discuter. Certaines aiment la manière dont elle écrit ( moi, j’aime bien pas exemple) d’autres non et c’est très juste. On a le droit d’apprécier un style littéraire ou non et ce n’est pas un problème. En revanche, les personnes qui n’ont pas lu le livre et qui se permettent de dire que c’est nul parce que le livre traite de Jésus ou parce que c’est un énième Amélie Nothomb, franchement je ne comprends pas. C »est vrai qu’Amélie Nothomb écrit des romans courts, qu’elle a son style de plume et qu’elle publie un roman par an. On va dire que c’est un concept que l’on y adhère ou pas, mais pourquoi être méchant vis à vis de l’autrice « juste » parce qu’elle écrit de courts romans ? Si on n’aime pas que l’on passe son chemin sans cracher dessus ou alors on lit le livre et on le critique, mais critiquer sans connaître c’est « stupide ».

Je n’ai pas lu les trois derniers Amélie Nothomb, pour de multiples raisons, mais j’ai adoré celui-ci. J’aime la manière dont elle traite le sujet complexe qu’est Jésus. Je ne sais pas si c’est parce que je me pose beaucoup de questions sur la spiritualité, mais la manière dont elle a conçu ce personnage, à la fois religieux et tellement moderne, le rend très humain et proche de nous. On a la sensation que l’on aurait pu le croiser au coin de la rue parce que je ne sais pas vous mais moi j’ai toujours l’impression que Jésus c’était plus une figure mythique qu’une « vraie » personne. Un peu comme un président de la réplique qui dit des insultes en public ça « casse » un peu le mythe de la figure « parfaite ». ça donne un caractère plus authentique et humain qui est plaisant parce que l’on se dit que ça pourrait être une personne que l’on croise tous les jours.

Ce que j’ai apprécié également c’est que l’on n’a pas besoin d’être catholique pour lire le roman ou pour y trouver quelque chose de poignant. On peut ne pas croire en la religion ou même ne pas croire en Dieu, avoir toutes les croyances possibles, cela ne change rien au roman, puisque c’est essentiellement basé sur les émotions. C’est réellement un livre que je vous recommande.

crédit image : Image parklimkin de Pixabay

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3 réflexions sur “Donner une conférence : mes conseils pour la rédaction d’une présentation orale

  1. Annawenn dit :

    Salut ! Je lis cet article parce-que je suis conférencière aujourd’hui à 14h.
    Je fais comment d’habitude : les mains dans les poches. Je prendrai la température de la salle et j’aviserai
    Sincèrement, j’ai commencé par les oraux du Bac et puis j’ai continué. Autant dans ma vie professionnelle que dans mes études et recherches, je ne prépare jamais rien, je connais mon sujet.
    Mon conjoint s’amuse toujours de ma façon d’embarquer le public.
    Actuellement je prépare deux Doctorats. Je suis psychologue et j’ai développé une thérapeutique qui a suscité la curiosité de Rennes qui m’a demandé de rejoindre leur équipe de recherche et de rédiger une thèse.
    Aujourd’hui, c’est une association naturaliste qui m’invite à parler de communication animale (ce que le cheval nous apprend).
    Du coup, un public « fleurs et tisanes » dans une salle fermée.
    Quand je parle de connexion, j’interviens en pleine nature accompagnée par Ganesh (cheval), mon très fidèle assistant.
    Alors je vais faire une improvisation quand je serai devant le public. Ça va dépendre d’eux. Il n’y a donc pas de préparation possible et c’est finalement ce qui est intéressant.
    Réciter un truc me ferait tellement c*** que ce serait contagieux.
    Par contre, je suis toujours crédible. Si dans les questions, j’ai des demandes farfelues, je relève toujours le défi.
    La crédibilité, c’est être en harmonie avec ce que je dis et ce que je fais. Par exemple, une diététicienne nutritionniste en surpoids n’est pas crédible 😉.
    Je travaille la naturopathie vétérinaire et pour moi, un soignant en mauvaise santé n’est pas crédible.
    D’ailleurs, il va y avoir quelques personnes absolument pas crédibles dans mon public alors comme j’ai déjà exprimé ce que je pense de leurs pratiques, elles vont très prochainement essayer de me mettre à défaut.
    Dans toute conférence, dans ma pratique et mes écrits, je suis honnête sur les limites de mes possibilités. C’est très prochainement ce qui fait ma réputation. En conclusion, une préparation est inutile.
    Et d’ailleurs, même ma présentation physique est naturelle. Si je vais m’occuper des animaux ce matin et que je ne repasse pas chez moi, j’aurai du foin dans les cheveux à 14h.
    Si, dans le public, j’ai des demandes de rendez-vous, personne ne sera surpris. Je suis toujours égale à moi même.
    Peut être trouveras tu dans ce commentaire une base de réflexion.
    En attendant, je te souhaite un très bon dimanche.

    Aimé par 1 personne

    • Les conseils de Ponine dit :

      Wah je suis tellement impressionnée. En même temps connaître son sujet c’est la clé pour une conférence réussie. Pour ma part, je suis trop anxieuse de nature pour ne rien préparer, même si c’est sur le coup l’on change des choses/modifie/ajoute/enlève/fait vivre sa conférence, je ne pourrais pas y aller sans avoir un texte papier qui au final ne me sert pas. Je ne pense pas que préparer un texte soit nécessairement de la récitation, tout dépend de la manière dont on se sert de son support.
      L’important c’est de se sentir à l’aise et d’être comme on est. Je pense que l’on est qui on est et que c’est ce qui compte. Tu as raison également sur le fait qu’il est important d’être cohérent entre ce que l’on fait, ce que l’on dit et le message que l’on cherche à faire passer. pour cela je croisqu’il faut se connaître soi-même et savoir ce qui nous convint.
      Je te remercie de ton message, c’était réellement instructif.

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