Exemple de ce qui ne me donne pas envie d’être féministe

Hier, je publiais un article sur les raisons qui font que je ne suis pas féministe. Cet article j’ai eu envie de le rédiger après une histoire que j’ai eu sur Facebook. Je vous remet le paragraphe que j’ai rédigé hier.

« En surfant sur Facebook, je suis tombée sur un article de Grazia qui parlait de ses femmes qui ont été verbalisée parce qu’elles sont sorties acheter un paquet de protections périodiques et que les forces de l’ordre estimaient que ce n’était pas un achat de première nécessité. Des hommes « se permettaient » de donner leur avis, notamment en disant qu’en cette période de confinement et de pandémie (pour rappel 4503 personnes sont mortes du Covid 19 en France à l’heure où j’écris) les femmes pouvaient penser à prendre des protections périodiques durant leurs courses de la semaine et éviter de sortir pour un seul paquet de tampon. Ces hommes se sont fait lyncher, insulter et on leur a clairement dit qu’un homme se doit de rester à sa place avec des termes du genre « tu leurs donneras [aux femmes] ton avis quand ton utérus perdra du sang. » (Je vais faire un autre article pour donner mon avis sur ce sujet particulier demain) ou encore  » les hommes (cis), fermez-la quand ça parle de menstruations, ça ne vous concerne pas. c’est discriminant ? tant mieux. » Je vous passe les autres commentaires du genre de ces féministes. Je n’ai pas pu m’empêcher de m’insurger contre ce sexisme envers les hommes. »

Est-ce que je suis d’accord pour verbaliser les femmes qui sortent acheter un paquet de tampon ? Non, bien sûr, c’est un produit de première nécessité, bien entendu. Personnellement ça m’emmerde d’être confinée, je déteste cette situation, j’ai envie qu’elle dure le moins longtemps possible donc je trouve que sortir pour faire un seul achat c’est vraiment ridicule. Si on commence à dire que l’on peut aller au supermarché pour acheter un truc et bien on peut y aller pour tout est n’importe quoi.

Avant-hier, j’ai vu des gens sortir du supermarché avec un pack d’eau ou une salade ou une bouteille d’eau et un paquet de gâteau. Vous trouvez cela très responsable vous ? Moi pas ! Des membres de ma famille et de mes amis sont dans le corps médical et risquent leur vie tous les jours en ce moment, alors oui, je suis désolée mais je pense que l’on peut profiter d’acheter une boîte de tampon pour acheter d’autres choses en même temps et éviter d’avoir à sortir de nouveau trois jours plus tard. Ou alors on va dans une pharmacie et on évite les supermarchés bondés. On m’a sorti des excuses comme quoi cela pouvait arriver d’oublier d’acheter des protections périodiques. Une question : comment vous faites si vous n’avez plus de protection et que c’est la nuit, que le lendemain matin vous bossez tôt et que les magasins sont encore fermés ? Sérieusement, je suis bien curieuse de savoir comment vous faites. Où alors toutes les femmes vivent à Paris avec des magasins ouverts tard le soir et tôt le matin, parce que nous en campagne c’est juste impossible.

Revenons à nos moutons, à cet article et toutes les incohérences et autres comportements néfastes que j’ai lu dans les commentaires.

Ce qui m’a poussé à répondre à ces commentaires c’est la théorie « féministe » qui dit que les règles sont un tabou mais quand un homme, appelons-le Monsieur X, répond à une femme qu’elle peut penser à mettre tampons dans son caddie lorsqu’elle va faire ses courses – parce qu’on est en confinement – et ne pas sortir pour qu’un seul achat, il est traité de tout les noms et on le rabaisse parce qu’un homme qui n’a pas d’utérus ne devrait pas parler des règles et dire aux femmes ce qu’elles doivent faire ou ne pas faire. Mais ce n’est pas que ce raisonnement qui m’a exaspéré c’est que dans le lot et d’ailleurs c’était le premier commentaire, un homme se permettait de dire à Monsieur X qu’il n’avait pas le droit de dire aux femmes qu’elles devaient faire. Donc ce type qu’on va appeler Monsieur H venait prendre la défense des femmes. Je n’ai rien contre en théorie mais voyons ce que disent les féministes dans de tels cas.

Clairement si on reprend les théories féministes, un homme ne peut pas défendre les femmes contre les autres hommes parce que c’est affaiblir les femmes et les croire incapables de se défendre. En gros, des féministes nous disent à nous les femmes que nous sommes des femmes fortes et que les hommes n’ont pas à parler à notre place. Pourtant Monsieur H, qui se revendique féministe vient clairement de donner raison aux gros machos qui estiment qu’une femme n’est pas capable de répondre à un homme sans l’intervention d’un autre homme. (Injonction contradictoire numéro 1)

Ensuite, je pense que dire à un homme que parce qu’il n’est pas une femme il ne peut pas savoir ce que sont les règles, ça revient un peu à dire qu’un homme gynécologue ne peut pas accoucher une femme parce qu’il ne sait pas ce que c’est. Ou qu’une femme gynéco qui n’a jamais eu d’enfant ne le pourrait pas non plus parce que…elle n’a jamais eu d’enfant. Alors oui nous ne sommes pas tous médecins et peut-être que Monsieur X ne l’est pas, mais n’est-ce pas contradictoire ? Est-ce que parce que je n’ai pas les mêmes cycles menstruels que les autres femmes je ne peux pas en parler ? Est-ce que parce que l’on n’a pas de prostate on ne pourrait pas parler du cancer de la prostate ? Est-ce que parce que l’on n’a pas été violé on ne pourrait pas parler de viol ? Faut-il nécessairement avoir vécu une situation pour avoir la légitimité d’en parler ? Les féministes nous disent que les tabous autour des règles sont légions, elles se battent pour que les produits bleus dans les pubs pour les protections périodiques soient de la « bonne couleur » c’est à dire rouge (parce qu’apparemment on ne peut pas avoir des règles marrons quand le sang est coagulé mais ça c’est encore un autre débat). Je n’ai rien contre représenter les règles en bleu ou en rouge à vrai dire, je m’en tape le coquillage, mais bon rouge c’est tout aussi bien. Seulement, si on reproche aux hommes ne pas s’intéresser au sujet et que lorsqu’ils le font on les insulte…dites-moi, ça ne serait pas une injonction contradictoire ?

Je n’étais pas la seule femme à avoir vu passer la publication et à avoir lu quelques commentaires et avec d’autres femmes nous nous sommes un peu étonnées que Monsieur H soit intervenu après tout qu’est-ce que fabrique un homme sur une publication destiné aux femmes si les autres hommes n’ont pas le droit d’y intervenir ? Je n’ai pas pu m’empêcher de pointer du doigt ce sexisme envers Monsieur X. J’ai eu le droit pour réponse de Monsieur H un ordre : celui d’aller relire les commentaires qu’il avait placé parce que …parce que je dois lire ce qu’il veut que je lise et que je n’ai pas le droit de sélectionner les commentaires auxquels je réponds. Ce type m’a également rappelé que le sexisme envers les hommes n’existe pas, tout comme le racisme anti-blanc.

( On ne parlait pas de racisme mais soit allons-y : quand je me fais traiter de « sale pute blanche », de « salope blanche », de « sale française », de « sale blanche » ou de « rouquine puante » – je suis brune mais c’est pas grave si le hommes ne font pas la différence – dans la rue, c’est quoi ? Une déclaration d’amour ? Bon moi, j’appelle ça du racisme anti-blanc mais vous m’excuserez)

Pour Monsieur H et toute sa cohorte de féministes : aucun homme n’a jamais été battu, violé ou maltraité par une femme. Evidemment, les hommes battus n’existent pas… J’en connais des hommes qui ont vécus du harcèlement, des viols, des coups, mais on va dire qu’ils ont affabulés, comme les femmes victimes de ce même type de violence d’ailleurs…Ah mais non que suis-je bête, les femmes disent toujours la vérité et il faut toujours prendre au sérieux leur témoignage. Alors pourquoi cela ne s’applique pas aux hommes ? Il me semble pourtant que les femmes se plaignent toujours que les forces de l’ordre et la société en général remet en question leur témoignage quand elles disent alors subis des maltraitances mais quand ce sont les hommes qui se plaignent de la même chose c’est normal du coup de ne pas les prendre au sérieux.

Des hommes qui n’ont jamais eu le courage d’aller porter plainte parce que « c’est la honte d’être un homme et d’être battu » ou des hommes qui ne vont pas porter plainte parce qu’un homme « ne peut pas être violé » cela existe et plus qu’on ne le croit car justement, ils ont honte. Tout les hommes ne sont pas des violeurs mais tout les humains peuvent être victime de violence. Je ne minimise pas les violentes faites à l’encontre des femmes mais j’aimerais que l’on ne minimise pas non plus celles faites à l’encontre des hommes et ce n’est pas parce que les statistiques ne disent pas que les violences envers les hommes ne sont pas majoritaires qu’elles n’existent pas parce que cela s’appelle le sexisme.

Une vidéo fort intéressante sur le sujet d’ailleurs

Ce monsieur H m’a également expliquer que ce n’était pas facile pour les femmes ( qu’est-ce qui n’est pas facile au juste ? mystère) mais « si certaines jouent contre leurs camps » (oui au pluriel, injonction contradictoire ou faute de frappe, mystère) cela ne va pas arranger la condition des femmes. Et pour conclure que j’étais sous le « conditionnement patriarcale peut-être. Mais c’est juste une hypothèse… » On reprend ce que j’ai dis hier. Les femmes n’ont pas le droit de ne pas être féministe parce qu’elles ont le droit d’êtres libres mais pas d’avoir une totale liberté de penser non plus. Attendez, ça ne serait pas une autre injonction contradictoire ça ?

Il y aurait donc deux camps : les gentilles et les méchants. Oups je voulais dire les femmes et les hommes. Il y a deux camps et un conflit qui les oppose. Si en tant que femme je choisis de ne pas voir de conflit, je suis contre le camp des femmes, parce qu’évidemment, je n’ai pas le droit d’être neutre. Je n’ai pas choisi d’être une femme, certaines personnes font le « choix » de changer de sexe (même si oui, on est d’accord ce n’est pas choix au sens strict du terme, merci je sais, je schématise), donc je n’ai pas choisi mais je devrais être en conflit pour quelque chose que je n’ai pas choisi, faire une guerre que je n’ai pas choisi pour quoi au juste ?

J’ai été sexiste, j’ai moi aussi considérée que les hommes et les femmes n’étaient pas semblables parce que les hommes avaient plus que les femmes (blablabla) mais je suis aujourd’hui fondamentalement convaincue que personne n’a à me dicter ma manière de penser. Je ne fais pas ces articles pour dire aux gens ce qu’ils doivent penser c’est juste que pour beaucoup de gens le féminisme c’est encore être en lutte contre les hommes, c’est faire front contre les hommes. C’est usant surtout toutes ces injonctions contradictoires sont épuisantes. Comment on peut s’y retrouver ? Comment on peut encore à l’heure actuelle dire à une femme ce qu’elle doit faire ou pas parce que c’est censé être bien ?

J’aurais tellement aimé pouvoir continuer cet article mais malheureusement ce cher Monsieur H n’a pas pris la peine de répondre lorsque je lui ai très justement fait la remarque :

« Un homme qui dit à une femme ce qu’elle doit penser ou faire ou dire ou quel site elle a le droit de visiter et à quel commentaire elle a le droit de répondre ? Qu’est-ce que c’est sinon du patriarcat ? Donc si je suis ta logique (un homme ne peut pas parler de ce qu’il ne connait pas) tu es un homme donc : ferme-la et ne dit pas à une femme ce qu’elle doit faire parce que c’est du mansplaning. D’ailleurs les femmes sont très bien capable de se défendre seules et elles n’ont pas besoin qu’un homme vienne jouer les héros pour parler en leur nom d’un sujet qu’il ne connaît pas. Mais ça c’est si on suit ta logique. La mienne c’est plutôt que nous sommes tous libres de donner notre avis sur un sujet sans se voir répliquer que l’on n’est pas du bon sexe pour avoir voix au chapitre. »

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3 réflexions sur “Exemple de ce qui ne me donne pas envie d’être féministe

  1. Celia dit :

    Je te suivais, jusqu’à ce que tu parles de racisme anti-blanc.
    Le racisme, c’est tellement plus que des insultes, c’est un aspect oui mais c’est loin d’être le plus violent. Le racisme c’est le fait qu’une couleur de peau et/ou des origines soient un frein pour trouver un travail ou un appartement, ou juste pour se sentir à sa place dans la société. C’est le fait d’être constamment rendu invisible par les médias, les films, les manuels d’histoires, et les campagnes publicitaires (sauf pour le bad buzz, évidemment). C’est aussi le fait de devoir supporter au quotidien l’ignorance des gens, des micro-agressions et toutes sortes de comportements souvent inconscients mais qui blessent quand même. C’est aussi le fait d’avoir inconsciemment intériorisé un sentiment d’infériorité et de toujours devoir lutter pour se sentir légitime dans ce qu’on entreprend. Pour moi c’est tout ça le racisme.

    Malgré tout, je ne dis pas ça pour nier ou minimiser tes expériences. Je trouve vraiment choquant et injuste qu’on lance ce genre d’insulte à une personne. Mais le problème quand on parle de « racisme anti-blanc », c’est qu’on en oublie tout le système que je viens de décrire juste au-dessus. Pour moi il faudrait des mots différents pour décrire deux phénomènes différents.

    Mais si on en revient au féminisme, là je suis tout à fait d’accord avec toi sur les contradictions. Après, je crois qu’il faut aussi faire une différence entre les théories féministes académiques, et l’usage qui en est fait sur les réseaux sociaux.

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  2. Liza dit :

    Déjà je pense que les réseaux sociaux ne sont pas forcément le meilleur lieu pour avoir une discussion posée 😉

    J’ai vécu de nombreuses fois des situations où des hommes interviennent dans un débat pour donner un avis sur quelque chose qu’ils ne connaissent clairement pas sans avoir l’intention d’écouter leur contradictrice, et je peux comprendre que l’on peut avoir des réactions excessives quand ça arrive. Même si franchement c’est pas malin de répondre en insulte. Je ne parle pas de l’article ni du commentaires que tu cites car je ne l’ai pas lu (et je n’ai pas envie de le lire, je me suis retirée des réseaux sociaux justement pour éviter toutes les discussions stériles et agressives).
    De façon générale, et là pour avoir milité dans les milieux féministes je parle d’expérience, une parole de femme aura souvent moins de valeurs que celle d’un homme dans un débat avec un homme. C’est en fait pour ça qu’un conseil donné aux hommes souhaitant être des allié-e-s est d’aller justement parlé aux hommes, car d’une part, on fatigue de devoir réexpliquer la même chose à des personnes qui s’en foutent (car souvent les réactions viennent d’hommes qui s’en foutent et veulent juste avoir raison), et d’autres part, ce genre de types écoutera plus un homme qu’une femme.

    Sur les violences, il y a en effet des hommes victimes de violences sexuelles, mais qui sont en majorité – statistiquement – victimes d’autres hommes (et en fait très souvent, victimes en tant qu’enfants et non en tant qu’en adultes). Et les victimes de violences sexuelles sont en majorité des femmes et des enfants, et qui sont victimes d’hommes.
    De plus, beaucoup de personnes féministes luttent pour une société sans violence, que ce soit envers les femmes, les enfants, les hommes, les personnes ni l’une ni l’autre, les animaux, etc.

    Bref, les violences contre les femmes font système, tout comme le racisme fait système. C’est dommage de mettre un voile dessus car c’est important de le comprendre pour essayer d’avoir une société plus juste pour toutes et tous ^^

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    • Les conseils de Ponine dit :

      Bonjour,
      Je pense que tu n’as pas tort sur bien des points. En revanche, je crois que les statistiques ne sont que des chiffres et fatalement biaisés. Les données peuvent certainement avoir des points réels sauf que pour entrer dans des statistiques il faut « parler », se faire connaître : que ce soit auprès d’associations ou des forces de polices. Je crois que dans biens des cas de violences (qu’elles soient verbales ou physiques, psychologiques) les agressés ne parlent pas et ne sont donc pas pris en compte et cela sans distinction de sexe. C’est pourquoi les statistiques sont pour moi à prendre avec des pincettes parce qu’elles ne sont pas fiables à 100%.
      Il y a également le cas de femmes violeuses et malheureusement pour les victimes ce n’est pas non plus clairement mit en avant. Quand on en parle c’est de manière anecdotiques. Le souci, selon moi, c’est qu’à force de ne mettre en avant et de ne parler que des cas statistiquement majoritaires c’est que l’on en vient à oublier que d’autres formes de violences existent et que les femmes peuvent également être des bourreaux et des hommes des victimes.
      Je pense que c’est une belle bêtise que de toujours placer les femmes en position de victimes et c’est un peu l’image qu’y est véhiculée que ce soit dans les médias, certains discours féministes ou pire dans l’opinion publique. Il suffit de voir les réactions quand un homme tue sa conjointe ou quand l’inverse se produit.

      Pour moi ce n’est pas les violences faites aux femmes qui font système mais juste la violence dans son ensemble et le racisme fait parti de ses violences. Après je ne dis pas qu’il existe une solution miracle si ce n’est l’éducation et pour moi l’éducation ce n’est pas juste à l’école de la donnée mais surtout à la société de la donner dans ces actes et aux parents de montrer la « voie », même si bien entendu ce n’est pas simple parce que l’on ne peut pas totalement changer la manière de penser d’un adulte. En tout cas, pas par la « force » en l’obligeant à changer sa manière de penser et de réfléchir. Mais cela demande du temps de faire évoluer une société, le problème c’est que dans beaucoup de cas le temps manque, malheureusement. :/

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