Ecrire sous pseudo : mon expérience

Attention, storytime. Je vous révèle tous mes secrets les plus sombres.

J’ai un running gag avec mes amis, je vous laisse la très courte vidéo dans laquelle j’explique cette petite blague :

La genèse de toute cette histoire :

Pourquoi commencer par cette blague alors que je parle d’écriture sous pseudonyme ? Tout simplement parce que j’ai commencé un projet la mort dans l’âme, que cette blague est née à peu près à cette époque et aussi pour vous inviter à me suivre sur YouTube. 2022 a été une année compliquée émotionnellement. J’ai perdu des relations de longues dates, j’ai rencontré des personnes formidables mais qui au final n’ont pas fait long feu. Si je devais être tout à fait honnête, je dirais que j’ai également rencontré une personne dont je suis tombée amoureuse. Les petits papillons dans le ventre, les yeux qui pétillent, le coeur qui chavire… Oui, comme dans les livres. Sauf que ce n’était pas réciproque. Bon, ce sont des choses qui arrivent, cela ne fait rien. Un peu de vague à l’âme, quelques larmes, beaucoup de colère envers moi-même – quelle cruche de ne pas avoir vu les red flags, franchement fallait être bien naïve ! – en quelque sorte rien de bien dramatique.

Sauf que l’an dernier, j’ai également fait un gros épisode de dépression. Cela aussi ce sont des choses qui arrivent, ce n’est pas inhabituel et franchement ça n’aurait même pas valu que je m’y attarde, si je n’avais pas rencontré cette personne au moment où je reprenais confiance en moi, goût à la vie et baume au coeur. Alors naturellement, pour moi en tout cas, la peine de coeur m’a refait glisser dans cette morosité. Que voulez-vous on ne se refait pas ! Retour des idées noires, retour des phrases comme : « Tu vois bien que tu n’es pas assez bien! », « Tu n’en vaux pas la peine », « Tu n’es pas assez : riche/belle/intelligente/cultivée/gentille/mince/mature/indépendante/optimiste/séduisante/charismatique… » Bref, la liste est longue, très longue, fort longue. En quelque sorte, la dévalorisation de moi revenait. Je n’arrivais plus à écrire, ni à penser, ni à avancer. Ce qui est ridicule parce que je voulais, dans le même temps, tout faire pour impressionner cette fameuse personne.

Et puis est arrivé ce running gag. Cette vanne avec mes amies. Quelque chose que je disais déjà de temps à autre lorsque des personnes ou situations m’agaçaient. Toujours pour rire bien entendu, mais vous savez quand quelqu’un vous prend la tête pour rien, que vous êtes du genre à utiliser l’humour pour ne pas montrer combien chaque critique est vécue comme une invalidation de votre existence ? C’est tout moi. Alors cette petite blague: Il me faut un flingue, des faux papiers et direction le Panama. Cela me fait bien rire tant c’est absurde.

Tout ça pour dire quoi ?

Cela m’est déjà arrivée de parler de personne que je connaissais ou de situations que vécues dans mes romans. Alors, jamais totalement, mes romans sont loin d’être des autobiographies, mais il m’est arrivée de me moquer de personnes que je connaissais ou de raconter des événements marquant. Par exemple, si je me prends la tête avec une Pauline qui a une coupe de cheveux au carré. Il est éventuellement possible de retrouver une Sylvie avec une coupe de cheveux au carré qui soit désagréable. Les comparaisons s’arrêtent toujours à un détails physique ou une caractéristique morale, mais le tout noyé dans la masse. Il n’est donc jamais possible de « reconnaître » une personne. Je tiens à ce que mes personnages demeurent des personnages uniques et mon but n’est pas de me défouler stupidement, mais d’inclure des événements réels.

Sauf que la relation que j’ai eu cette année m’a vraiment beaucoup et j’avais envie de l’écrire. Plus exactement de réécrire les choses. Stupide ? Certes. Quelques idées me sont venus, j’avais en tête des aventures, d’autres personnages et d’autres intrigues. Seulement, j’avais besoin de cet exutoire. Besoin de parler de cette relation, des espoirs que j’avais eu, de la douleur éprouvé, des attentes, comprendre la situation, comprendre mes réactions… Bref, j’avais besoin de poser des mots sur des maux ou même des maux sur des mots. J’ai souffert en écrivant cette histoire, mais c’était une bonne souffrance, une de celles qui libère et qui permet de mieux se connaître.

Poser des mots sur des maux en toute légalité :

La question de la légalité se pose car il ne faut pas que les personnes puissent se reconnaître, cela contrevient à plusieurs lois. Tout d’abord à la vie privée, mais également, il faut faire attention avec les notions d’injures et de diffamation. Je vous invite à vous procurer le livre : Guide de survie juridique pour écrire et publier son livre de Elvire Bochaton.

Bien entendu, je n’ai pas repris exactement les mêmes situations. Les personnages ressemblent à environ (au maximum) 50% aux protagonistes. C’est à dire que j’ai pioché soit des éléments physique, soit des éléments qu’ils apprécient, soit des habitudes de vie ou de style vestimentaire, soit des caractéristiques morales ou de caractères, puis j’ai complété le reste en créant un passé aux personnages, en complétant leur personnalité ou leur physique etc. Comme il s’agit d’une romance, j’ai gardé certaines caractéristiques que j’ai vécu. Pour vous donner un ordre d’idées :

Imaginons que j’ai rencontré la personne dont j’étais amoureuse sur une application de rencontre, mes personnages se rencontreraient sur une appli de rencontre. Si j’avais connu cette personne à la fac, mes personnages se seraient connus à l’école. Si nous étions allés voir un film au cinéma, on retrouverait une scène dans un cinéma. Si nous étions allés dans une pizzeria, dans le roman, il pourrait y avoir une scène dans laquelle les personnages mangent de la pizza.

Au sujet de la personne dont mon héroïne tombe amoureuse, disons qu’elle a un métier proche de celui de la vraie personne, qu’elle a des caractéristiques physique similaire comme la même couleur des yeux, un style vestimentaire approchant mais qui est en lien avec le métier et le style de vie. Le personnage a un comportement qui pousse à fuir la relation sentimentale. Au niveau du métier, j’ai donné au personnage un collègue de travail qui ressemble à un proche de la vraie personne – qui est encore plus modifié naturellement. J’ai conféré au personnage une passion que la vraie personne apprécie mais qui est très commune en population générale.

Il y a donc des éléments qui sont semblables, mais ce sont des éléments basiques que j’ai ensuite retravaillé pour construire un personnage et une histoire. C’est au point, où les personnes qui sont présentes dans ce livre ne pourrait pas réellement se reconnaître. Alors bien évidement, si j’arrive et que je leurs dis que j’ai rédigé cette histoire, elles vont faire le rapprochement parce que beaucoup de coïncidences tout de même. J’imagine que la personne en question qui lirait ce livre si elle savait que c’était moi qui l’avait écrit se dirait : « Tient, les perso se rencontrent de la même façon. Il se passe tel truc alors qu’on est allé dans un lieu qui peut ressembler. Le personnage a la même couleur d’yeux que moi et son collègue ressemble beaucoup à X. Il a telle passion et moi aussi. Hummm, étrange. »

Excepté que j’avais très envie de partager cette histoire, sans pour autant me confronter à des questions ou des remarques de la personne en question. Pas qu’elle lirait mes livres, mais dans le doute, j’ai préféré prendre un pseudonyme pour éviter tout malentendus et ne pas tomber dans de la diffamation. Il y a réellement plus de fictions qu’autre chose dans ce texte, mais tout de même. Et puis, je tenais à protéger cette personne surtout pour celles qui étaient au courant de la relation et pour ses proches qui pourraient éventuellement la reconnaitre.

Ce qu’apporte le pseudonyme :

L’anonymat. Il ne s’agit pas de dire des méchancetés sous couvert d’anonymat, on est loin de ça et ce n’est pas une valeur que je défends. Il ne s’agit pas de se défouler et de passer ses nerfs sur quelqu’un qui n’a rien demandé ou de faire preuve de méchanceté gratuite. Je vois cela davantage comme une manière de me libérer de mes souffrances en utilisant la fiction, en utilisant une dose de réel ce qui rend les personnages et les situations plus vivantes.

Ainsi, j’ai pu explorer mes propres émotions. J’ai placé dans l’héroïne bon nombre de mes qualités et surtout de mes défauts (surtout ceux que je préfère taire), j’y ai placé mon ressenti, mes émotions, mes questionnements. Ce fut une véritable thérapie. C’est quelque chose que je ne me serais pas permise de faire si j’avais écrit cette histoire sous mon nom. Mes proches n’auraient pas été dupes, mais là, j’ai laissé le champ libre à l’introspection. C’est une véritable libération. Cela m’a aidé à passer à autre chose, à mieux me comprendre, à voir les points sur lesquels je dois travailler en tant que personne et je peux vous dire, il y a du travail. Je l’ai surtout fait pour moi, même s’il y a un peu de vengeance – on en parle du collègue ? Non, on n’en parle pas (rires).

La protection. Alors non pas la protection juridique, même écrire sous pseudonyme engage votre responsabilité. Être sous couvert d’un faux nom n’empêche pas que les autorités puissent vous retrouver si vous écrivez n’importe quoi. Être anonyme ne rends pas plus légal et moral de faire de l’injure ou de la diffamation ou de l’atteinte à la vie privée. En revanche, cela me permet d’explorer ma part sombre, mes émotions sans que mes proches ne viennent y mettent leur nez et cela c’est libérateur.

Ecrire dans un registre différent sans me soucier de ce que vont penser mes lecteurs habituels. Rédiger des scènes dont je n’ai pas l’habitude. Explorer un thème que je n’aurais jamais évoqué. Découvrir une ville. Me lancer sur une plateforme d’écriture alors que je voyais cela d’un mauvais oeil – genre moi écrire sur une plateforme ? Mais vous êtes malade, vous voulez que je meurs d’anxiété et de honte ? Me faire plaisir surtout, je crois que c’est le plus important.

La morale dans l’histoire :

Est-ce que c’était bien morale d’écrire cette histoire ? Pas vraiment. Je veux dire que ce n’est pas très sympathique de parler d’une personne (en vérité de deux) de cette manière – même si je n’ai rien dis de négatif sur elle, j’imagine qu’elle n’aurait pas apprécié que je parle d’elle dans un roman – surtout sans lui demander. Quant à la personne utilisées comme étant le collègue et bien, c’est vraiment pas sympa ce que j’ai fait de ce personnage.

Ce n’est pas très honnête, je le reconnais. C’est même plutôt lâche. Alors moralement, c’est plutôt contestable comme manière de procéder. Légalement, je n’ai rien à me reprocher, puisque j’ai largement modifié les personnes, les actions, les intrigues, les lieux, mais en sachant qui est qui cela m’affecte un peu. Le seul personnage qui est vraiment reconnaissable psychologiquement c’est moi-même. Mais je ne vais pas me faire un procès à moi-même – quoi que ça peut faire le buzz. Je n’ai pas honte en tant que tel, mais je ne peux m’empêcher de penser que cela est assez bordeline. Même si la rédaction de ce texte m’a fait énormément de bien, c’est assez étrange d’écrire un texte aussi profond qui explore autant mes émotions et qui peut être aussi problématique si un proche tombe dessus.

Surtout que je n’aurais jamais rendu cette histoire publique sous mon nom. Je ne peux m’empêcher de me dire que si je ne le fais pas sous mon nom c’est que je sens bien qu’il y a un problème d’éthique.

Dites-moi ce que vous pensez de cette situation. Selon-vous est-ce moral ?

La qualité de l’histoire et la suite :

J’ignore si cette histoire est assez qualitative pour être publiée. Je n’ai pour le moment rédigé que le premier jet. Ce texte a des qualités, mais pas en l’état. Il faut que je retravaille certaines parties, que j’approfondisse certaines intrigues secondaires.

Découvrir que j’ai pu écrire cette histoire sur une plateforme m’a permis de me rendre compte que j’aime beaucoup ce type de partage. J’ai apprécié la manière de faire, les rencontres que j’ai pu faire grâce à cette plateforme. J’ai adoré ce challenge, cette manière de procéder et de partager un texte de la sorte. J’ai apprécié le fait de pouvoir écrire sous couvert d’anonymat. C’est une libération qui est très utile lorsque le genre ou le thème est diamétralement opposé à ce que l’on a l’habitude de traiter. C’était bien cas sans jugement. Les personnes ne vont pas aller lire mes romans et c’est reposant. Il n’y avait pas de besoin de rendre un travail parfait. J’ai retrouvé le plaisir d’écrire pour moi et sans me prendre la tête, sans me soucier de le faire savoir sur les réseaux. C’était comme lorsque j’ai commencé à écrire. C’est agréable.

J’ignore si un jour je sortirais ce livre. J’en ai envie, mais il faut que je le retravaille. J’ai tout de même bien envie de sortir ce roman, mais bien sûr, il restera sous pseudonyme. En tout cas, je prévois de nouveau d’écrire sous pseudo, pas nécessairement des histoires aussi « personnelles », mais dans le futur ce pseudo va vivre un peu plus.

Pour ceux qui se demandent ce pseudo, je l’ai créé en 2004. Il avait déjà une vie sur internet, alors pas en tant qu’auteur, mais il vivait déjà, je n’ai donc pas inventé de vie à cet alter ego.

Et vous ? Est-ce que vous écrivez sous pseudo ? Est-ce que l’expérience vous tente ?

Dites-moi tout en commentaires.

N’oubliez pas lisez, rêvez, écrivez des histoires

crédit image : Image par 0fjd125gk87 de Pixabay

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