Il y existe beaucoup de ressources pour travailler la psychologie des personnages, mais celle dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui, c’est bien le livre de Howard M. Gluss et de Scott Edward Smith, Psychologie des personnages comment le cinéma et la télévision utilisent les troubles de la personnalité.
Il y a différentes manières de travailler des personnages, mais l’une des meilleures manières c’est de penser à la psychologie et aux possibles troubles psychologiques. Les personnages n’ont pas besoin d’avoir des maladies mentales pour exister, mais il est tout à fait possible de piocher dans les divers types de personnalités pour construire un personnage plus riche et intéressant.
La personnalité d’un individu se construit de différentes manières. Tout d’abord, il y a les interactions avec les proches : le père, la mère, les grands-parents, oncles et tantes, la nounou, les amis proches des parents. Bien entendu, ce processus est long et vous n’allez pas forcément pouvoir brosser le portrait de tout l’arbre généalogique de vos personnages pour savoir comment s’est construit sa personnalité, mais il y a des événements qui peuvent vous aider. Savoir si votre personnage a vécu des traumas ou des secrets de famille, si ses parents ont également vécu des traumatismes, c’est une grande aide pour connaitre la psychologie des personnages et savoir comment elle s’est construite.
J’avais déjà consacré un article sur ce blog au livre Psychologie des personnages que je vous conseille d’aller lire.
Travailler la psychologie prend du temps. Cela demande de se pencher sur le passé des personnages, sur ce qu’ils aiment, ce qu’ils n’aiment pas, sur leurs réactions face à certaines situations.
Si je vous parle encore une fois de ce livre, c’est parce que pour moi, il est la clé d’une construction de personnage efficace. Si dans mon premier article, je m’étais peu penchée sur la liste des questions qui forme la fiche personnage, que l’on trouve à la fin de l’ouvrage, aujourd’hui je voudrais m’y attarder.
En effet, c’est bien beau de connaître les 8 types de personnalités et la liste des troubles mentaux mais le gros plus de cet ouvrage c’est surtout la partie outils, qui est un questionnaire sur le développement d’un personnage.
Il y a 315 questions (si j’ai bien compté) alors bien entendu, il est assez fastidieux de répondre à toutes les questions pour chaque personnage. Personnellement, je fais un tri parfois ou je réponds dans ma tête à certaines questions qui me paraissent moins pertinentes, lorsque je conçois mes personnages avec cette méthode.
Les fameuses fiches de personnages
Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que je ne suis pas une grande fan des fiches de personnages. Il n’est pas question qu’elles soient inutiles, mais elles sont parfois incomplètes et inutile pour concevoir ce qui est le plus important : la personnalité des personnages. C’est très intéressant de savoir la couleur des yeux ou les signes distinctifs du personnage, mais savoir qu’il a une cicatrice sur la jambe serait moins utile pour le roman que le fait de savoir qu’il a cette cicatrice parce qu’il a échappé à une agression violente durant son adolescente. Pourquoi ? Tout simplement que dans le premier cas, il a juste une cicatrice, dans le second, les séquelles peuvent être également psychologiques. Avec des séquelles psychologiques ou psychiatriques votre personne n’agira pas de la même manière. Il sera également différent si sa cicatrice est dû à une attaque d’une tierce personne ou s’il est tombé en faisant du roller. Disons que tout ce qui peut se trouver dans votre fiche de personnage peut avoir un impact sur la personnalité du personnage, sur ses valeurs, sur ses qualités, sur ses défauts. Même quand il est question de physique. Si vous prenez la saga Le trône de Fer (A game of thrones), la couleur des cheveux est un révélateur de la paternité de certains personnages (si vous avez lu ou vu la série vous savez de quoi je parle, mais pas de spoil). Il y a donc des conséquences psychologiques à cette simple chose qu’est la génétique.
C’est bien ce qui pose problème dans la rédaction de fiche de personnages, elles ne font qu’effleurer qui est réellement le personnage. Si votre personnage aime un met en particulier, pourquoi l’aime-t-il ? Qu’est-ce que cela lui rappelle ? S’il n’aime pas quelque chose pourquoi ? S’il est gentil, comment s’est construite sa personnalité ? Est-ce que cela a un rapport avec son éducation, son signe du zodiaque, les valeurs qu’on lui a transmisse, un traumatisme d’enfance ? Bref, comment il s’est construit est primordial.
Les question des outils du livre Psychologie des personnages
Définir l’historique :
La première partie des questions tournent autour des bases que l’on retrouve dans chaque fiche de personnages : le nom du personnage, son genre, son âge, sa taille, son poids etc. Des questions basiques sommes toutes, mais qui permettent d’avoir un coup d’oeil rapide sur le personnage en question. Alors ce que j’aime faire quand je réponds à ces questions, c’est de faire un dessin du personnage en question. Je dessine très mal (vous pouvez voir certaines de mes tentatives sur mon compte Instagram) mais cela me permet d’avoir une vue d’ensemble du personnage en question et cela me permet de ne pas avoir à répondre aux questions. Vous pouvez également faire une sorte de casting photos en prenant des images sur Google en créant un tableau d’humeur ou Mood Board.
On passe ensuite au passé du personnage. Cette partie vous permet déjà d’avoir une idée de ce qui a pu marquer le personnage dans sa vie. Après tout avoir eu ou non sa propre chambre dans son enfance peut avoir influencé les rapports aux autres. Savoir si le personnage a souffert ou non de maltraitance va en dire long sur ses éventuels traumatismes et ses réactions sur certains sujets. De même la place de la religion va forger la personnalité et les croyances du personnage, que ce soit dans un sens ou dans un autre. C’est aussi important de savoir comment il se comportait à l’école, s’il a eu des troubles de l’apprentissages cela peut se ressentir encore à l’âge adulte. Le métier influence également la vie du personnage, après tout on passe beaucoup d’heures par semaine à travailler ou à chercher un emploi, cela a forcément une incidence sur la psychologie.
Dans cette partie historique, il est également question du fonctionnement cognitif du personnages, de son langue et de sa santé. Cela peut paraître inutile et superflu mais connaître la liste des maladies du personnages et leurs impacts sur sa vie, va nécessairement construire son identité. Il en va de même de savoir s’il souffre de TCA (trouble du comportement alimentaire) ou d’addictions. Chaque comportement a une raison, de même chaque maladie peut avoir un impact sur le personnage. Si votre personnage a une maladie est-ce que celle-ci l’impact physiquement ? Un exemple tout bête, mais un personne masculin qui aura des problèmes cardiaques peut aussi souffrir de troubles érectiles. Vous pouvez vous dire que cela n’a que peu d’intérêt et pourtant, c’est tout le contraire car dans ce cas le personnage sera impacté psychologiquement et ce trouble peut être à l’origine d’intrigues dans l’histoire. En conclusion, tout peut être lié !
Définir le type de personnalité :
Il s’agit là de la seconde partie des questions.
En premier lieu, nous sommes invités à choisir le type de personnalité qui représente le mieux le personnage, cela grâce au contenu du livre. Il est également suggéré de définir les personnalités des parents, mais j’ai envie de vous conseiller d’aller plus loin et de définir, même très rapidement, le type de personnalité des personnes qui ont vraiment compté pour votre héros.
Les points suivants sont nettement plus profonds que le reste. Il s’agit de définir le comportement du personnage : introverti/extraverti – responsable/irresponsable- critique vis à vis de soi/des autres – honnête/malhonnête etc. Le livre encourage après à se pencher sur l’identité du personnage et le sens de soi. Dans identité, il est question de ce qui est de l’ordre du fantasme, des désirs sexuels, de thématique comme le déni ou le refoulement. Ce sont des questions difficiles de prime abord et je crois qu’il faut un peu de temps (et de relecture du livre) pour les appréhender dans leur globalité.
J’aime beaucoup le point suivant qui se penche sur les espoirs et les aspirations. Je trouve amusant de savoir qui mon personnage prend pour modèle et quel serait ses trois vœux s’il avait à faire face à une lampe magique.
Les parties suivantes demandent à ce que l’on définisse les émotions, l’habilité sociale, l’expressions des sentiments du personnage et de sa confiance en soi, de sa colère ainsi que la manière dont il résout les problèmes. C’est une partie qui demande beaucoup de travail, car c’est grâce à cela que le personnage interagi avec les autres. C’est aussi ce que va voir le lecteur dans le texte ou les dialogues. En fonction de vos réponses, cela va fatalement influencer le comportement du personnage, la manière dont les intrigues vont se dérouler et surtout l’impression qu’il fera sur le lecteur. Votre personnage peut tout à fait être colérique, ne pas savoir gérer ses émotions, mais il doit avoir de bonnes raisons (aux moins légitimes et qui lui paraissent bonne à lui-même). Tout comportement doit être justifiable et logique. Une personne très douce ne peut pas exploser de colère sans raison, du moins sans raison vis-à-vis du lecteur. Il faut que la construction soit cohérente. Si un personne est de nature violente, peut-être que dans le récit, il va devoir apprendre à gérer cette colère, mais il ne peut pas passer sans raison d’un personnage violent à un personnage non-violent. Le cheminement doit être logique pour le lecteur – pas nécessairement pour les autres personnages d’ailleurs.
Les deux types de questionnaires suivant se focalisent sur l’aspect santé mental et addiction. C’est à mon sens des passages très intéressants et parfois sous-exploités (en tout cas dans mes lectures, si vous avez des lectures qui exploitent vraiment le côté santé mentale et addiction sans tomber dans les clichés n’hésitez pas à partager en commentaires). Je trouve que l’on néglige (moi également mais je me soigne) l’aspect santé mentale des personnages. DE même que les addictions, elles existent sous différentes formes. Dans mon roman Bloomsbury : balade à Hyde Park, j’aborde des questions telles que la dépression, le stress-post-traumatique et l’addiction aux jeux. C’était un exercice difficile pour moi, mais j’ai adoré pouvoir explorer ces facettes de l’âme humaine. N’oubliez pas : l’addiction ou les problèmes psychiatriques ne se lisent pas sur le visage des gens (cela peut mais pour ça il faut bien se renseigner sur le sujet) et d’ailleurs les personnes addictes ne sont pas forcément des caricatures de toxicos. C’est pourquoi il est utile de se renseigner avant d’écrire de tels personnages et surtout de leur construire un passif qui explique leur comportement. Et non, toutes les personnes addictent ou malades n’ont pas vécus des « drames » aux yeux des autres, mais elles ont vécu les choses comme des traumas.
Définir les relations du personnage :
C’est la dernière volée de questions. Elle permet de creuser un peu plus les personnages, le rapport qu’ils ont aux autres et avec les autres personnages de l’histoire.
En conclusion
Même si cette liste de questions est longue et paraît futile, elle est contraire des plus intéressantes. Je trouve cela plus complet que de simplement savoir si le héros est grand ou petit. Les questions permettent également d’orienter les réactions du personnage en fonction de l’intrigue et de lui construire une vraie personnalité. C’est d’autant plus intéressant si l’on couple cela avec l’une des 8 personnalités. Il est alors possible de se reporter aux caractéristiques de la personnalité et de savoir si le tout est cohérent. Après tout, ce sont les personnages qui font la différence entre une histoire et une bonne histoire. Des personnages auxquels les lecteurs s’attachent fait la différence. Sincèrement, je regrette de ne pas avoir découvert ce livre plus tôt.
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